Alors que les pays européens ont plus que jamais besoin de s’approvisionner en gaz depuis qu’ils ont décidé de réduire leur dépendance de la Russie, l’Algérie menace de cesser de fournir du gaz à l’Espagne si Madrid le transférait vers d’autres pays, sur fond de tensions avec le Maroc voisin.
Le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a indiqué que son homologue espagnol l’avait informé que Madrid allait « autoriser l’exploitation, en flux inverse » du gazoduc GME, qui relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, et que celle-ci commencerait « aujourd’hui ou demain », », indique un communiqué du ministère de l’Énergie.
Alger a prévenu que tout acheminement de « gaz naturel algérien livré à l’Espagne, dont la destination n’est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels », a poursuivi le communiqué algérien. Cela « pourrait entraîner la résiliation du contrat entre Sonatrach [le géant de l’énergie appartenant à l’État algérien] et ses clients espagnols », a-t-il ajouté.
L’Algérie est le plus gros exportateur de gaz ‘Afrique et l’Espagne dépend du pays pour ses approvisionnements en gaz, dont elle reçoit la majeure partie par le gazoduc en eau profonde Medgaz de 750 kilomètres. Elle recevait également du gaz via le gazoduc GME (Gaz Maghreb Europe), mais l’Algérie a fermé l’approvisionnement en novembre en raison d’une rupture diplomatique avec Rabat, privant le Maroc de gaz algérien.
Les liens entre les anciens rivaux se sont détériorés au cours des deux dernières années au milieu d’un différend sur le territoire du Sahara occidental revendiqué par le Maroc, et l’année dernière, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec son voisin. L’Algérie soutient le mouvement du Front Polisario qui revendique l’indépendance du Sahara occidental, tandis que le Maroc considère le territoire comme le sien.
En février, l’Espagne a déclaré qu’elle aiderait Rabat à « garantir sa sécurité énergétique » en lui permettant de transporter du gaz via le GME. Mercredi, le ministère espagnol de l’énergie a confirmé son intention d’expédier du gaz au Maroc, mais a souligné qu’aucun de ces gaz ne serait d’origine algérienne, a rapporté Reuters. En 2021, Sonatrach a fourni plus de 40 % des importations de gaz naturel de Madrid.