Le président tunisien, Kais Saied, a déclaré que le pays a été pillé par des centaines de cadres et que des milliards de dollars avaient été volés dans divers secteurs d’activité. Saied a donné un ultimatum aux hommes d’affaires pour restituer l’argent afin d’éviter la prison.
La Tunisie est en pleine crise politique depuis que le chef de l’Etat a décidé de prendre le contrôle du gouvernement et de suspendre l’Assemblée nationale. Il a ainsi limogé le Premier ministre et annoncé la nomination d’un autre dans les prochains jours. Alors que cela crée une crise sans précédent dans le pays et que les politiques tentent de freiner l’élan de Kais Saied, ce dernier lance un nouveau débat.
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Saied a tenu une rencontre avec le chef du syndicat UTICA, Samir Majoul, mercredi, et a indiqué que 460 citoyens ont à eux seuls, arraché 13,5 milliards de dinars (environ 4,8 milliards de dollars) à la Tunisie. Il a promis une répression de la corruption, mais, dans le même temps, a insisté sur le fait qu’il n’avait « aucune intention de nuire ou d’abuser » des entrepreneurs tunisiens.
« Je propose une réconciliation pénale avec des hommes d’affaires impliqués dans le pillage de l’argent du peuple et l’évasion fiscale en échange de leur engagement dans des projets (…) au lieu d’être poursuivis et emprisonnés », a déclaré le président dans une séquence vidéo de la réunion diffusée par son bureau.
Les hommes d’affaires figurant sur la liste de Saied seront classés en fonction du montant d’argent qu’ils doivent au pays. Au cours des dix prochaines années, il leur sera demandé de financer la construction d’écoles, d’hôpitaux et d’autres infrastructures socialement importantes, selon la proposition.
Saied, qui est devenu président en 2019 après avoir fait campagne contre la corruption et l’enracinement de l’élite politique, a utilisé les pouvoirs d’urgence pour limoger le gouvernement et geler le parlement dimanche soir. Il a insisté sur le fait que cette décision brutale était nécessaire pour « sauver » le pays au milieu des protestations causées par la colère de la population contre son système politique « dysfonctionnel » et l’effondrement des soins de santé.
Ses opposants ont qualifié la consolidation du pouvoir entre les mains de Saied, de « coup d’État » et de recul contre les réalisations de la Tunisie lors du soulèvement du printemps arabe en 2014, et ont exhorté leurs partisans à descendre dans la rue. Cependant, le président a averti que l’armée « réagirait par des balles » si la situation devenait incontrôlable.